samedi 22 mars 2014

GFEN58 :Rencontre départementale du samedi 15 mars à Nevers


Compte rendu de la table ronde avec les professionnels du livre et débat

Ouverture de la journée et cadrage dans le programme annuel de travail du GFEN58 sur la littérature de jeunesse
Le débat intitulé "Des livres pour enfants, oui mais...quels livres ? pour quels enfants ?" avait pour objectifs de mettre en avant les valeurs qui sous-tendent les métiers de création et de prescription du livre, définir quelle vision du monde on porte et préciser quel lecteur on veut former.


De gauche à droite : Monique Couval, Angélique Benoit, Béatrice Rodriguez et Stéphane Querriaux












Les intervenants :
-Stéphane Querriaux, co-fondateur de l' Atelier du poisson soluble au Puy en Velay
- Bétarice Rodriguez, illustratrice qui vit et travaille à Nevers
- Angélique Benoit, libraire spécialisée jeunesse "Gens de la lune"
- Monique Couval, bibliothécaire responsable du secteur jeunesse à la Bibliothèque de la Nièvre.

Le public

Ecoute des enregistrements des élèves de MS, CP et CM2 suite à la question : « Comment un livre vient au monde ? Comment est-il arrivé jusqu'à vous ? »
Les représentations sont variées, elles évoluent vers de plus en plus de précisions au fur et à mesure qu'on avance dans le cursus scolaire.
Elèves de MS : le livre est venu d'un magasin, chez Shopi, c'est le facteur, dans une fête foraine, une bibliothèque. L'auteur a les idées dans la tête et ensuite il écrit dans le livre.

Elèves de CP : L'illustrateur a fabriqué le livre et il l'a emmené au magasin. L'illustrateur a dessiné sur les feuilles puis il les a pliées, mises dans la couverture, il les a cousues et apportées dans une bibliothèque. On commande au père Noël, sur les ordinateurs, au magasin, Carrefour, Intermarché.

Elèves de CM2 : l'auteur écrit le livre, il l'a vendu à la bibliothèque. Le papier vient des arbres. L'auteur et l'illustrateur fabriquent le papier et créent le livre en collant. L'auteur écrit dessus et ensuite il dessine ou fait appel à un illustrateur.
On trouve le livre en librairie, internet, chez un fabricant, une usine spéciale pour le faire.
L'éditeur rend le livre célèbre, il le distribue dans toute la France. L'imprimerie fait plusieurs livres.

Suite aux enregistrements, les quatre participants considèrent que ce n'est pas essentiel de savoir le trajet du livre, c'est comme pour une voiture. On ne sait pas comment elle est fabriquée mais on l'apprécie quand même.
Pour le GFEN, connaître le trajet du livre change le regard de l'enfant sur le livre. Il y a désacralisation de l'objet- livre mais également il devient un objet précieux car beaucoup de personnes sont à l'origine de sa création. Il devient un objet familier et pour certains enfants éloignés de la culture, c'est important d'en passer par des connaissances sur cet objet culturel. 
La table de livres

Echanges 

Béatrice : Quand elle dessine, elle travaille avec son époque, sa personnalité et ses influences. C'est plus une histoire à un moment donné, il y a souvent de l'amour et de l'amitié. Elle est plus dans le domaine de l'intuition. Elle veut être lisible pour le lecteur et qu'il y ait du rythme comme une musique.
Pour elle, il n'y a pas de sujet tabou, tout peut être abordé, la manière de le présenter est importante, il faut de la finesse, des métaphores.
Dans ses histoires sans texte, l'image exprime comme un travail de mime. Elle fait ouvrir la bouche de ses personnages pour que l'enfant imagine ce que le personnage dit. La colère est exprimée sur le visage pour que l'enfant la voit même s'il ne sait pas lire.
Pour vendre ses livres, elle fait appel à différents éditeurs. Parfois, il lui arrive de travailler sur un projet qu'un éditeur lui propose. Elle n'a pas de contrat exclusif avec une maison d'édition.

Stéphane : de quels livres il veut parler ? de ceux qui se vendent ! Le libraire et l'éditeur ne vivent que de leurs ventes de livres. Plus les livres se vendent, plus il fait passer des idées, donne du plaisir. Il faut pouvoir exister et se distinguer par rapport aux autres maisons d'édition.
Il y a deux sortes d'éditeurs : ceux qui accueillent les projets et les autres qui demandent des projets à certains auteurs ...
Il nous lit "Aquarium" et "Savoir vivre" de Yann Fastier, des livres complexes.
Sa maison d'édition accueille les projets et en publie quinze par an. Il veut pouvoir donner du plaisir au lecteur mais aussi du déplaisir (livre qui peut choquer ou remettre en question).
Pour la promotion, un diffuseur va chez les libraires, Il y a aussi les catalogues, les foires (comme celles de Montreuil ou de Bologne) et les publicités. La durée de vie d'un livre est de 3 mois.

Angélique fait une vraie analyse des livres proposés par les diffuseurs : une analyse subjective d'abord, ses réactions personnelles puis une deuxième analyse plus objective Elle travaille avec un comité de lecture. Elle fait le pari de vendre certains livres. Quand elle ne les vend pas, elle peut les rendre au diffuseur. Elle lit beaucoup et doit faire tourner son fonds.





Monique veut faire se rencontrer les livres et les enfants, c'est son coeur de métier. Repérer des livres est un travail énorme dans une production éditoriale énorme également. Elle travaille avec Angélique qui, une fois par mois, lui apporte des livres et elles échangent.
Une fois les livres choisis, elle doit faire en sorte qu'ils rencontrent leur public dans le bibliobus, les bibliothèques municipales, les petites bibliothèques-relais...
Elle nous présente un livre qui n'a de place qu'en bibliothèque, selon elle. Il s'appelle "Petit doux n'a
pas peur" et il parle de maltraitance.

 
A la manière de Proust ou de Pivot, voici venue l'heure du "questionnaire du dimanche", pour clôturer les débats.
- Citer 3 adjectifs / mots pour qualifier ce que vous faites.
Monique : fonctionnaire, finances, fatiguée
Angélique : passionnée, souplesse, rigueur
Béatrice : amour, justesse, liberté.
Stéphane : passion, routine, insouciance.

- Dans un nuage de mots, quel est le mot à mettre à tout prix ?
Monique : découvrir, Angélique : rencontre, rêve, Stéphane : curiosité, Béatrice : humour.
Et le mot à exclure :
Monique et Stéphane : Amazon, Angélique : mauvaise volonté, Béatrice : page blanche.

- Quel auteur vous auriez envie de faire connaître ? Aucun car il y en a trop.

- Quels conseils vous donneriez aux enfants pour choisir un livre ?
Monique : prendre le plus beau.
Angélique : quelles sont d'abord ses envies...
Béatrice n'interfère pas du tout dans le choix de ses enfants quand ils sont à la bibliothèque.
Stéphane : n'importe lequel.
Cyrille, Sylvie, Anne-Louise
Il faut tout de même avoir conscience, nous dit Sylvie, que la littérature peut aussi être un discriminant puissant pour les enfants de milieux populaires. En librairie, en bibliothèque, les professionnels ont affaire à des enfants lecteurs. A l'école, les enseignants sont confrontés à tous les enfants auxquels ils doivent apprendre à entrer dans la culture de l'écrit, à comprendre les écrits littéraires, à partager une culture commune. C'est ce défi que nous tentons de relever au GFEN !

L'après-midi a été consacré à une visite guidée de l'exposition Pop-up, histoire et créations contemporaines de livres animés, à Moulins, au Musée de l'illustration jeunesse. Puis le groupe a participé à un atelier pour apprendre quelques techniques simples de découpage, pliage et collage pour s'entraîner avant de le proposer aux élèves.

La façade du MIJ
Début de la visite


Emmanuelle

Avant
Sandie
Après
Merci à toutes et à tous d'avoir participé à cette journée pleine de belles rencontres avec des professionnels engagés, des livres passionnants et un musée intéressant à visiter, à deux pas de chez nous !
L'exposition "Comment un livre vient au monde" des éditions Rue du monde, circule dans les écoles de la Nièvre : Pougues, Corbigny, Dornes, puis elle sera au CDI du centre ESPE à Nevers. Elle est prêtée par le Centre régional du livre, via le réseau Canopé, CRDP-CDDP.
A bientôt !