Compte
rendu de la table ronde avec les professionnels du livre et débat
Ouverture
de la journée et cadrage dans le programme annuel de travail du
GFEN58 sur la littérature de jeunesse
Le
débat intitulé "Des livres pour enfants, oui mais...quels
livres ? pour quels enfants ?" avait pour objectifs de mettre en
avant les valeurs qui sous-tendent les métiers de création et de
prescription du livre, définir quelle vision du monde on porte et
préciser quel lecteur on veut former.
Les
intervenants :
-Stéphane
Querriaux, co-fondateur de l' Atelier du poisson soluble au Puy en
Velay
-
Bétarice Rodriguez, illustratrice qui vit et travaille à Nevers
-
Angélique Benoit, libraire spécialisée jeunesse "Gens de la
lune"
-
Monique Couval, bibliothécaire responsable du secteur jeunesse à la
Bibliothèque de la Nièvre.
Le public |
Ecoute
des enregistrements des
élèves de MS, CP et CM2 suite à la question : « Comment
un livre vient au monde ? Comment est-il arrivé jusqu'à
vous ? »
Les
représentations sont variées, elles évoluent vers de plus en plus
de précisions au fur et à mesure qu'on avance dans le cursus
scolaire.
Elèves
de MS : le
livre est venu d'un magasin, chez Shopi, c'est le facteur, dans une
fête foraine, une bibliothèque. L'auteur a les idées dans la tête
et ensuite il écrit dans le livre.
Elèves
de CP : L'illustrateur
a fabriqué le livre et il l'a emmené au magasin. L'illustrateur a
dessiné sur les feuilles puis il les a pliées, mises dans la
couverture, il les a cousues et apportées dans une bibliothèque. On
commande au père Noël, sur les ordinateurs, au magasin, Carrefour,
Intermarché.
Elèves
de CM2 :
l'auteur écrit le livre, il l'a vendu à la bibliothèque. Le papier
vient des arbres. L'auteur et l'illustrateur fabriquent le papier et
créent le livre en collant. L'auteur écrit dessus et ensuite il
dessine ou fait appel à un illustrateur.
On
trouve le livre en librairie, internet, chez un fabricant, une usine
spéciale pour le faire.
L'éditeur
rend le livre célèbre, il le distribue dans toute la France. L'imprimerie
fait plusieurs livres.
Suite
aux enregistrements, les quatre participants considèrent que ce
n'est pas essentiel de savoir le trajet du livre, c'est comme pour
une voiture. On ne sait pas comment elle est fabriquée mais on
l'apprécie quand même.
Pour
le GFEN, connaître le trajet du livre change le regard de l'enfant
sur le livre. Il y a désacralisation de l'objet- livre mais
également il devient un objet précieux car beaucoup de personnes
sont à l'origine de sa création. Il devient un objet familier et
pour certains enfants éloignés de la culture, c'est important d'en
passer par des connaissances sur cet objet culturel.
La table de livres |
Echanges
Béatrice :
Quand elle dessine, elle travaille avec son époque,
sa personnalité et ses influences. C'est plus une histoire à un
moment donné, il y a souvent de l'amour et de l'amitié. Elle est
plus dans le domaine de l'intuition. Elle veut être lisible pour le
lecteur et qu'il y ait du rythme comme une musique.
Pour
elle, il n'y a pas de sujet tabou, tout peut être abordé, la
manière de le présenter est importante, il faut de la finesse, des
métaphores.
Dans
ses histoires sans texte, l'image exprime comme un travail de mime.
Elle fait ouvrir la bouche de ses personnages pour que l'enfant
imagine ce que le personnage dit. La colère est exprimée sur le
visage pour que l'enfant la voit même s'il ne sait pas lire.
Pour
vendre ses livres, elle fait appel à différents éditeurs.
Parfois, il lui arrive de travailler sur un projet qu'un éditeur lui
propose. Elle n'a pas de contrat exclusif avec une maison d'édition.
Il
y a deux sortes d'éditeurs : ceux qui accueillent les projets
et les autres qui demandent des projets à certains auteurs ...
Il
nous lit "Aquarium" et "Savoir vivre" de Yann
Fastier, des livres complexes.
Sa
maison d'édition accueille les projets et en publie quinze par an.
Il veut pouvoir donner du plaisir au lecteur mais aussi du déplaisir
(livre qui peut choquer ou remettre en question).
Pour
la promotion, un diffuseur va chez les libraires, Il y a aussi les
catalogues, les foires (comme celles de Montreuil ou de Bologne) et
les publicités. La durée de vie d'un livre est de 3 mois.
Angélique
fait une vraie analyse des livres proposés
par les diffuseurs : une analyse subjective d'abord, ses réactions
personnelles puis une deuxième analyse plus objective Elle travaille
avec un comité de lecture. Elle fait le pari de vendre certains
livres. Quand elle ne les vend pas, elle peut les rendre au
diffuseur. Elle lit beaucoup et doit faire tourner son fonds.
Monique
veut faire se rencontrer les livres et les enfants,
c'est son coeur de métier. Repérer des livres est un travail énorme
dans une production éditoriale énorme également. Elle travaille
avec Angélique qui, une fois par mois, lui apporte des livres et
elles échangent.
Une
fois les livres choisis, elle doit faire en sorte qu'ils rencontrent
leur public dans le bibliobus, les bibliothèques municipales, les
petites bibliothèques-relais...
Elle
nous présente un livre qui n'a de place qu'en bibliothèque, selon
elle. Il s'appelle "Petit doux n'a
pas peur" et il parle de
maltraitance.
A
la manière de Proust ou de Pivot, voici venue l'heure du
"questionnaire du dimanche", pour clôturer les débats.
-
Citer 3 adjectifs / mots pour qualifier ce que vous faites.
Monique :
fonctionnaire, finances, fatiguée
Angélique :
passionnée, souplesse, rigueur
Béatrice :
amour, justesse, liberté.
Stéphane :
passion, routine, insouciance.
-
Dans un nuage de mots, quel est le mot à mettre à tout prix ?
Monique :
découvrir, Angélique : rencontre, rêve, Stéphane :
curiosité, Béatrice : humour.
Et
le mot à exclure :
Monique
et Stéphane : Amazon, Angélique : mauvaise volonté,
Béatrice : page blanche.
-
Quel auteur vous auriez envie de faire connaître ? Aucun
car il y en a trop.
-
Quels conseils vous donneriez aux enfants pour choisir un livre ?
Monique :
prendre le plus beau.
Angélique :
quelles sont d'abord ses envies...
Béatrice
n'interfère pas du tout dans le choix de ses enfants quand ils sont
à la bibliothèque.
Stéphane
: n'importe lequel.
Cyrille, Sylvie, Anne-Louise |
Il
faut tout de même avoir conscience, nous dit Sylvie, que la littérature peut aussi
être un discriminant puissant pour les enfants de milieux
populaires. En librairie, en bibliothèque, les professionnels ont
affaire à des enfants lecteurs. A l'école, les enseignants sont
confrontés à tous les enfants auxquels ils doivent apprendre à
entrer dans la culture de l'écrit, à comprendre les écrits
littéraires, à partager une culture commune. C'est ce défi que
nous tentons de relever au GFEN !
L'après-midi a été consacré à une visite guidée de l'exposition Pop-up, histoire et créations contemporaines de livres animés, à Moulins, au Musée de l'illustration jeunesse. Puis le groupe a participé à un atelier pour apprendre quelques techniques simples de découpage, pliage et collage pour s'entraîner avant de le proposer aux élèves.
La façade du MIJ |
Début de la visite |
Emmanuelle |
Avant |
Sandie |
Après |
Merci
à toutes et à tous d'avoir participé à cette journée pleine de belles
rencontres avec des professionnels engagés, des livres passionnants et
un musée intéressant à visiter, à deux pas de chez nous !
L'exposition
"Comment un livre vient au monde" des éditions Rue du monde, circule
dans les écoles de la Nièvre : Pougues, Corbigny, Dornes, puis elle sera au CDI du centre ESPE à Nevers. Elle est prêtée par le Centre régional du livre, via le réseau Canopé, CRDP-CDDP.
A bientôt !