lundi 27 septembre 2010

Compte rendu réunion du 22 septembre à Nevers

En présence de Sylvie Meyer-Dreux, responsable nationale du GFEN et membre du groupe Paris, étaient présents 8 collègues de fonctions et d'horizons divers (classe ordinaire, directrice d'école, CLIS, enseignant référent, SEGPA, journaliste, responsables ICEM et ODCE).

1) Mise en oeuvre d'une démarche du GFEN sur le vocabulaire
a. A partir d'un texte à trous d'André Gide, le groupe retrouve avec le contexte les mots manquants. L'intention est de faire vivre aux collègues des démarches d'apprentissage transposables dans les classes, en adaptant le texte.

La question du vocabulaire est très présente dans les préoccupations des enseignants :
  • « Ils ont un vocabulaire pauvre », entend-on souvent depuis la maternelle.
  • Les prescriptions des programmes de 2008 sont de faire des leçons de mots pour capitaliser un bagage, dans une conception mécaniste de l'apprentissage du vocabulaire.
  • Le système de la langue est complexe : il faut donner aux élèves des textes difficiles, qui posent problème.
  • Derrière les mots, il y a des concepts : le vocabulaire est acquis quand le concept est compris.
  • Les mots ne sont pas isolés, ils ont du sens dans un contexte.
Catherine Tauveron : « Un mot ne fait sens qu'en contexte »
Paul Valéry : « Un mot n'a pas de sens, il n'a que des emplois »
  • Dans la lecture experte, on comprend l'idée même s'il y a des mots inconnus.

La démarche elle-même est mise en oeuvre en plusieurs temps, d'abord un travail individuel, puis par petits groupes, et mise en commun. Chacun trouve les mots manquants, puis échange avec ses voisins pour que chaque groupe se mette d'accord sur un mot, proposé ensuite au grand groupe. Il est donc nécessaire de justifier son avis, argumenter, écouter l'autre, le comprendre... ce qui fait avancer la pensée collectivement. On relève tous les mots trouvés, puis on donne les mots de Gide par ordre alphabétique, on discute de ce qu'il a voulu dire, pourquoi il a employé un mot plutôt qu'un autre. On lit le texte de Gide, les définitions des mots.

Les quelques remarques qui suivent permettent d'être plus au clair avec les principes de base du GFEN et les visées d'apprentissage du formateur dans cette séance :
  • L'élève construit son propre savoir à partir d'interactions avec ses pairs.
Vygotski : Faire à plusieurs et lentement ce que l'on saura faire ensuite seul et rapidement
  • Instaurer un temps de mobilisation individuelle avant tout travail de groupe
  • Mettre les élèves devant des vraies situations-problèmes, complexes, non pas pour les mettre en difficulté, mais pour leur donner à penser, réfléchir ensemble – ensemble on va y arriver
  • Donner un défi à relever
  • Le but n'est pas de retrouver le « bon mot », il faut sortir du binaire juste/faux, gagné/perdu, il y a plusieurs solutions possibles portées par l’interrogation du texte (dans son contexte culturel entre autre) :le but n'est pas de retrouver le mot de Gide, on n'est pas lui; les mots ont aussi une vie, une histoire et ils peuvent mourir
  • Le but est de comprendre les intentions de Gide : exemple avec la chaise qui devient un personnage anthropomorphe de l'histoire (regarder les qualificatifs employés) et il décrit la lutte entre 2 personnages, lequel va lâcher prise
  • On peut faire une ouverture sur la notion de synonymie; ainsi l'usage du dictionnaire est justifié en fin de séance et/ou ultérieurement

b. La dernière partie constitue un approfondissement de la réflexion par l'étude de 5 documents avec 5 points de vues sur la question du vocabulaire.
  • approche historique : dictionnaire Quillet
  • approche linguistique : Yaguello
  • approche sociologique : Bourdieu
  • approche psychologique : Vygotski
  • approche pédagogique : Tauveron
En petits groupes, on lit, on échange, on dégage les idées principales, qu'on rapporte au grand groupe en quelques phrases. Chacun repart avec tous les textes à la fin de la séance.
J'ai détaillé un peu cette démarche car par manque de temps, nous l'avons parcourue à grands traits et n'avons pas eu le temps de l'approfondir.

2) Le GFEN local, régional, national : comment se situe t'il par rapport à d'autres mouvements pédagogiques?
a) Deux autres groupes se sont constitués en Saône et Loire et dans l'Yonne en même temps que nous. La priorité est de structurer, étoffer, faire vivre ces groupes locaux qui viennent de se créer. Dans un second temps, il sera nécessaire de se rapprocher les uns des autres, avec la Côte d'Or également, pour organiser une première rencontre régionale. Isabelle a été élue au dernier congrès pour représenter la Bourgogne.
Dans un 3ème temps, nous pourrons envisager de créer un réseau de militants pédagogiques dans la Nièvre avec d'autres structures (mouvements pédagogiques, associations complémentaires de l'école, syndicats...), qui ont bien relayé l'information de la création du gfen58.
Le GFEN est un mouvement d'éducation nouvelle qui croit dans les capacités de développement de l'être humain, dans le pouvoir d'émancipation du savoir, dans l'éducation comme levier de transformation du monde.
La spécificité du GFEN est de proposer, non pas des méthodes ou des techniques, mais des objets de travail sans cesse mis en partage, avec les apports des scientifiqu
es, chercheurs et des enseignants qui théorisent des pratiques. L'engagement du GFEN dans de nombreuses actions de formation d'adultes (enseignants, autres professionnels, mairies), en plus de la rédaction de la revue Dialogue et de l'écriture d'ouvrages, inscrit le mouvement dans une dynamique constante de théorisation des pratiques

  1. Quel(s) objet(s) de travail pour le groupe?
Nous avions choisi en juin de travailler sur l'oral. Les expériences d'autres groupes locaux rapportées par Sylvie M-D nous permettent d'affiner nos perspectives.
En partant des apports théoriques des 5 conférences départementales, toutes axées sur les pratiques langagières (dès la maternelle, celles de l'école, celles de la famille, celles de l'enseignant, dans toutes les disciplines...), nous pourrons problématiser des objets de recherche qui feront rupture et
Il ne s'agira pas, après la conférence, d'en faire le compte-rendu, ni de dégager des pistes à essayer dans sa classe, ni d'être dans la didactique disciplinaire de l'enseignement de la langue orale. Il s'agira plutôt de choisir des objets mis en réflexion par le conférencier, de les problématiser en tant qu'objets de travail pouvant faire rupture par rapport à des pratiques courantes en développant des situations d’analyse et de les développer sur nos terrains, certes en prenant appui sur des démarches du GFEN mais aussi en créant progressivement nos propres outils de réflexion et de mise en œuvre.
Un petit groupe se met en place : Monique, Michael, Gwenaelle (en fonction de ses disponibilités), Evelyne (excusée aujourd'hui) avec Isabelle pour préparer la prochaine réunion. On décide de déjeuner ensemble après la conférence de Véronique Boiron le mercredi 20 octobre et de travailler ensuite à 14h au CDDP (lieu à confirmer).
Ce groupe déterminera la date de la réunion suivante, ouvert
e à toutes les personnes qui souhaitent interroger le sens du métier tant bousculé en ce moment.

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